Discours du CEMAT lors du Triomphe 2018

Le discours inaugural du Triomphe 2018

Officiers et élèves-officiers de l’École spéciale militaire de Saint-Cyr et de l’École militaire interarmes, jeunes officiers de l’armée de Terre, vous voici rassemblés sur le Marchfeld, place d’armes illustre entre toutes. Ici flotte le souvenir de toutes les promotions qui vous ont précédés. Ici perdure le sublime passé de la glorieuse phalange de vos Aînés. Ici résonne la voix féconde qu’ils ont portée aux quatre coins du monde. Ils sont les héros de notre Histoire. Leurs mânes illustres nous rappellent que pour mériter ce titre, il ne suffit pas d’actions éclatantes et de grandes victoires. Il faut avoir fait la preuve de vertus courageuses, de sentiments nobles et désintéressés. Officiers et futurs officiers de l’armée de Terre, la cérémonie du Triomphe qui nous unit ce soir est un appel à méditer ces trois mots qui sont au cœur de votre choix de vie : servir, obéir, commander.

• Servir, d’abord. Le service est au cœur de la vie militaire. Depuis votre premier jour sous l’uniforme, vous avez peu à peu appris et compris le sens profond de ce mot superbe. Il est fait d’exigence, car le service des armes attire les âmes affamées de sacrifice et de dévouement. Tout soldat s’engage pour servir son drapeau, son pays, ses compatriotes, avec générosité et abnégation. Mais comme officiers, vous aurez de surcroit à servir vos subordonnés unis par le même engagement. Vous en éprouverez la grandeur, car il n’y a rien de petit dans le service de ceux dont on a la charge. 

• Obéir, ensuite. Malgré les apparences, ce n’est pas le plus simple. Car si la discipline militaire répond à la fois aux exigences du combat et aux nécessités de la vie en communauté, il n’est pas toujours facile de s’y conformer. Il faut de l’intelligence pour comprendre la lettre et l’esprit d’un ordre reçu. Il faut de la volonté pour se commander à soi-même d’y obéir, y compris lorsqu’on le juge avec sévérité. Et lorsque l’humanité est en balance, il faut du courage et de la grandeur d’âme pour penser par soi-même dans le secret de sa conscience et rester sur le chemin de l’honneur. 
• Commander, enfin. Prévoir, ordonner, contrôler constituent l’essence même de la responsabilité d’un chef, quel que soit son grade. Son rôle est de fixer le but, les axes, tout en laissant autant que possible à ses subordonnés le soin d’y adapter les moyens. Mais il ne suffit pas pour commander de concevoir ce qu’il y a lieu de faire, ni même de le prescrire. Il faut avoir prise sur les cœurs, établir une relation de confiance dans laquelle il n’entre nul désir de dominer, nul orgueil du pouvoir. Car le commandement de soldats libres d’un pays libre n’est pas un rapport de domination, mais une relation d’égalité.
Élèves officiers du 3ème bataillon de l’École spéciale militaire de Saint-Cyr et de la 2ème brigade de l’École militaire interarmes, dans quelques instants, le général Labuze, commandant les Écoles de Saint-Cyr Coëtquidan, vous donnera un nom de promotion. Par ce geste vous sera confié un héritage. Vos parrains vivront pour toujours en vous car vous ferez vôtres les idéaux pour lesquels ils se sont battus. Qui sait ce que le destin vous réserve ? Peut-être connaîtrez-vous à votre tour le moment suprême et décisif. Si jamais l’hésitation et le doute venaient alors à vous tourmenter, songez à ce soir de juillet ou vous fûtes baptisés. Il vous indiquera le chemin du devoir. 

Officiers de la promotion Général Loustaunau-Lacau de l’École spéciale militaire de Saint-Cyr et de la 2ème brigade de l’École militaire interarmes, il y deux jours, sur la cour Rivoli, vous êtes devenus des officiers. Et vous, officiers d’active en écoles d’arme et de spécialité de la promotion Capitaine Verselippe, officiers issus de l’École polytechnique, officiers rang, officiers de réserve du quatrième bataillon de l ‘École spéciale militaire de Saint-Cyr, officiers du partenariat grandes écoles et officiers du service des essences des armées, c’est ici même, sur ce Marchfeld, que vous avez rejoint ce matin la grande famille des officiers de France. Vous tous, quels que soient votre origine ou votre recrutement, n’oubliez jamais cet instant solennel où s’est accompli votre rêve de l’épaulette d’or. Cet aboutissement est aussi un commencement. Soyez dignes de tous ceux qui vous ont précédés. Ils ont remporté la plus prodigieuse des victoires, celle de la liberté et de la grandeur de la France. Chacun de leurs noms, inscrit en lettres d’or sur des tables de marbre, est pour vous une invitation au dépassement et à l’héroïsme. 
Quant à vous, lieutenants des promotions Général Saint-Hillier de l’École spéciale militaire de Saint-Cyr et Lieutenant-Colonel Mairet de l’École militaire interarmes, l’aurore resplendissante du jour qui vous verra quitter cette école n’est plus très loin. Demain, vous prendrez votre essor, à la tête des soldats de l’armée de Terre qui vous seront confiés. Vos parrains continueront de veiller sur vous. Suivez l’exemple de ces deux compagnons de la Libération. Ils ont rendu à l’armée française le sourire de la gloire. Que leur esprit de Résistance, si cher au cœur des Français, vous inspire pour toujours. 

Officiers et futurs officiers rassemblés sur ce Marchfeld devant vos camarades, vos familles et vos proches, votre joie est profonde, et votre responsabilité est immense. Soyez fiers, car c’est en vous que la Patrie met ses plus chères espérances. Soyez dignes, car dès demain, ce sera votre tour de porter plus loin la puissance et la gloire militaire de la France. ■

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